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29/07/2019

Musclez vos neurones, profitez de vos vacances pour lire Tocqueville

Musclez vos neurones, profitez de vos vacances pour lire Tocqueville

http://www.edi-tocqueville-jlb.fr/livres.html

Profitez des vacances pour muscler vos neurones: lisez Tocqueville, vous vous sentirez différents de vos députés et sénateurs qui n'en ont pas lu une page, se contentant de leurs ersatz, canigou avalé dans les digests de leurs hebdos à prétention culturelle !

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20/07/2019

L’actualité et la modernité de Tocqueville État social démocratique, démocratie, despotismes, démocratures

Coutainville 21 avril 2018

L’actualité et la modernité de Tocqueville

État social démocratique, démocratie, despotismes, démocratures

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Introduction : Tocqueville dépassé ou Tocqueville très actuel(colloque de 90) ?

« Adieu Tocqueville »  (25 juillet 2005, André Fontaine), « Peut-on encore être "tocquevillien"?  Nicolas Weill Le Monde 28,05,2005. Au contraire est celui qui nous donne la meilleure grille de lecture des dérives actuelles de la démocratie, de la montée des démocratures et pour comprendre ce qui se passe et fait l’état du monde aujourd’hui.

 

I      Le premier monde tocquevillien s’arrête avec la chute du mur, novembre 89.

Les étapes de la constitution de l’univers mental, idéologique et intellectuel de Tocqueville :

1820-1823 3 ans seul avec Hervé à Metz. 1821 Découverte de Boissy à Metz crise existentielle

1822 Royer-Collard et Serre  De Serre 1820 La démocratie coule à pleins bords(dans la société)

1834 nov. Lettre à Camille d’Orglandes l’étude du système pénitentiaire était un prétexte, j’allais vérifier les idées qui se sont établies en moi depuis un peu plus de dix ans (1824). Tocqueville a donc forgé ce système entre 1821 et 1824.

 

Tocqueville visionnaire / prophète ? Formules journalistiques impropres et stupides.

Tocqueville c’est un l’esprit de finesse pascalien qui déduit/annonce par l’application d’une rationalité extrêmement les résultats de processus politiques et historiques engagés.

Les démocraties seront des régimes agités mais conservateurs (1848-1968).

Les Etats-Unis et la Russie se domineront chacun la moitié du monde, ce qui a été vrai  de 1945 à 1990.

Le danger principal guettant les démocraties proviendra de l’armée (cf Eisenhower, janvier 1961).  L’équilibre européen était précaire et pouvait aboutir un un/des conflit(s) généralisé(s) si on y touche.

Tocqueville ne donne pas les modalités de son raisonnement qui reste en partie implicite mais qu’on peut reproduire, cela fait partie de la méthode tocquevillienne.

 

II      La méthode de Tocqueville, une lecture qui relève de l’esprit de finesse de Pascal. L’analyse rationnelle des paramètres dont il dispose lui permet d’annoncer par exemple :

-  que la situation de l’Algérie en 1847 est celle d’une pièce tournoyant sur le listel et qui retombera d’un côté ou de l’autre en fonction de la modification de la colonisation française

- en revanche concernant la situation des Noirs et de l’esclavage aux Etats-Unis  le nombre de paramètre est si grand qu’il est impossible de savoir ce qui se passera, quand, comment. Une seule certitude, l’affaire sera sanglante. (abolition 1864, Civil rights 1964 et la situation actuelle…)

- que les démocraties seront des régimes agités mais conservateurs : 1848/1968

Que Les États-Unis et la Russie se partageront le Monde alors que le jeu des alliances, dont l’équilibre fragile repose sur le traité de Vienne pourrait être remis en question par un/le jeu d’alliances et aboutir à un/des conflit(s) généralisé (s).

Pourquoi ? Les États-Unis et la Russie disposent d’un espace d’expansion considérable sans ennemi à l’extérieur ? En revanche l’Europe constitue un jeu de cartes. Si on en enlève une, tout s’écroule. Un pays peut se réformer à l’intérieur, passer d’un régime aristocratique à un régime démocratique (difficile) mais si on touche à l’équilibre extérieur on aboutit à la guerre : unité italienne et Allemande. Guerre de 70 / 14  /39

L’Algérie : le testament de 1847 : Texte.

L’abolition de l’esclavage aux Etats-Unis : 1864 / 1964 / situation actuelle (persistance de l’esprit des peuples.

Le poids de l’armée : En France histoire du lien politique/armée, opinion publique 1851, à 1961.

 Communication au colloque de Yale.

Aux Etats-Unis , le discours d’Eisenhower en janvier 1961,le poids du lobby militaro industriel.

Communication JLB / Yale le poids du lobby militaro – pétroléo -industriel  exige que les Etats-Unis soient toujours en guerre. Pentagon papers. Hannah Arendt met en exergue une phrase de Mac Namara : « Ce n’est pas un très joli spectacle de voir la première des superpuissances mondiales tuer et blesser chaque semaine des milliers de non combattants en s’efforçant de contraindre une petite nation arriérée à accepter une solution dont les mérites restent fortement contestés » (aucun enjeu stratégique mais les profits d’Haliburton et Carlyle)

Rubish[1] : « Plus j’y réfléchis et plus je pense que c’est par les armées que les démocraties périront… »

 

III   La démocratie et le despotisme ne sont pas antinomiques; le despotisme est une voie naturelle d’évolution ou de sortie de la démocratie, tout le XXe siècle: Facisme, communisme, nazisme, franquisme...

L’avenir de la démocratie :

  • une démocratie véritable, la IIIe République, mais obérée par la question de la revanche à partit à partir de 1905 (cf discours de Tocqueville le 27 janvier 48)
  • Le despotisme doux (dont le citoyen ressemble fort au Dernier homme de Nietzsche)
  • Le despotisme dur, de type I, il nous faut un homme à poigne (Les grenouilles qui demandent un roi…) LNB ÞNapoléon III, de type II : Napoléon
  • Mais dans tous les cas le passage de la démocratie au despotisme suppose (ou repose sur) un consensus populaire : Fiévée[2]écrit dans ses mémoires : « (en 1799) tout paysan que je rencontrais m’abordait pour me demander des nouvelles du général Bonaparte . et pourquoi il ne revenait pas en France ; jamais aucun ne s’informait le directoire » Ils attendaient le coup d’État comme les paysans du Val de Saire et les bourgeois de Valognes en juin 1851.

 

IV La démocratie en détresse

La clé de la compréhension du mécanisme : états-social démocratie, démocratie, despotismes, démocratures.

Au lieu d’écrire : Pour Tocqueville la démocratie est un état social, ce qui ne veut rien dire si on ne précise pas « un état social démocratique » et, dans ce cas la définition devient redondante et circulaire, il faut en revenir au texte de Tocqueville lui-même, il est le premier à élaborer le concept d’état social démocratique. Qu‘est-ce qui le caractérise ?

« Un mouvement irrésistible [nous]entraîne chaque jour, et [nous] marchons en aveugles, peut-être vers le despotisme, peut-être vers la république, mais à coup sûr vers un état social démocratique[3] ». 

L’autre facteur constitutif de l’état social démocratique, c’est la montée en puissance de l’opinion publiquequi devient de facto le premier pouvoir non-institutionnel du pays. Ce mouvement était déjà engagé avant même la Révolution comme il le souligne dans L’Ancien Régime :

« Dès 1784, Necker disait : ‘’La plupart des étrangers ont peine à se faire une idée de l’autorité qu’exerce en France aujourd’hui l’opinion publique : ils comprennent difficilement ce que c’est que cette puissance invisible qui commande jusque dans le palais du roi. Il en est pourtant ainsi’’»[i].

L’égalité des conditions( qu’il ne faut pas confondre avec l’égalitarisme qui fige la société), la mobilité sociale, économique et politique, la montée en puissance de l’opinion publiquequi devient le premier pouvoir non institutionnel d’un pays, avec son corollaire : la liberté de la presse- expression de la conscience et de la volonté politiques -,

 

Le passage de l’état social démocratique à la démocratie suppose : la séparation des Pouvoirs( citation) la mobilié sociale effective, des élections libres en arrivant au suffrage universel, la liberté totale de la presse(pb de la presse aujourd’hui avec les grands groupes monopolistiques). La liberté d’association et des citoyens actifs.

Conditions nécessaires mais non suffisantes. En outre quand on passe de la démocratie au despotisme, l’état social n’est pas vraiment, grandement, totalement, changé, (la Grèce avant, pendant et après les colonels) avant et après. Tout dépend du niveau de la dictature et/ou du despotisme ou de la démocrature. Dictatures : Franco, Salazar, Mussolini, Nazisme, communisme… et Démocratures :Russie, Turquie, Hongrie , Pologne, le tout est un pb de limites

 

V Les raisons de faillites des démocraties.

En France :Une réussite la IIIe République, pb à partir de 1905, préparation de la guerre, puis les affaires.

Pour réussir, la démocratie, comme la République chez Montesquieu, doit s’appuyer sur la vertu, le civisme, dès que  le mauvais exemple vient d’en haut le régime pourrit de l’intérieur : Discours de Tocqueville le 27 janvier 1848 : « Changez ».

La IVe République a fait un grand travail démocratique et la Ve jusqu’au 5 juillet 1972.

Depuis lors, multiplications de scandales financiers d’État : « une république bananière » … « Ils ont raison, si je pouvais, j’en ferais autant ! »

Faillite des pays qui ayant un état social démocratiquen’ont pas de tradition démocratique : Russie, Turquie, Hongrie, Pologne

La corruption et le viol des foules par la propagande politique. (Serge Tchakotine, 1939)

Caractéristiques des démocratures: pas de séparation des pouvoirs, renforcement de l’appareil d’État aux dépens des élections libres, des associations, de la liberté de la presse…

 ÞMais ces régimes s’appuient sur un consensus populaire, reposant sur des éléections et des plébiscites, il y a une apparence de démocratie, Poutine et les autres sont élus quasi-démocratiquement et/pour mettre en place des dictatures, des régimes autoritaires plébiscités par les citoyens.

Le cas de la France est différent.

1968, première rupture du contrat de type monarchique qui liait de Gaulle au pays. En 1969 il veut  reprendre les réformes, des réformes majeurs (cf Turgot), redonner le pouvoir au peuple en choisissant les régions contre le pouvoir central. En remplaçant le Sénat (assemblée non démocratique/représentative, par un vaste conseil économique et Social représentant les forces vives de la Nation.

De Gaulle est renvoyé, double trahison Pompidou/Giscard

Élection de Pompidou, Chaban reprend, autrement, le projet gaullien et une entreprise tocquevillienne : Sortir d’une société de castes pour établir une société du contrat négocié et des reformes démocratiquement établies et décidée.

Cbaban est renvoyé à partir de ce moment le pouvoir en place rétablit et renforce une société de caste ? Un retour vers une société aristocratique, une nouvelle aristocratie, l’aristocratie d’État analysée par Bourdieu. Lepouvoir n’appartient plus aux cent familles, mais à 500 ou à 1000 qui détiennent tous les codes dues pouvoirs économiques et politiques, les grands corps de l’État.

La caste se renforce, discours de Chaban, de Lemaire, de Bébéar et de Jean Gandois : « quand nous étions à polytechnique (1949), Bébéar (1955), nous étions 25% à provenir de la petite classe moenne.

Chiffre identique pour les cingq grandes écoles les plus prestigieuses et qui est passé à 18, 16, 14, 8 et finalement 1%.

Rupture du pacte social et la société au bord du gouffre en 2017.

Conclusion : la situation politique française actuelle correspond à une démocratie d’apparence qui constitue un retour de fait à un système de castes (inversion du processus démocratique) depuis le 5 juillet 1972 ; un néopétainisme ripoliné . Aux Etats-Unis le docteur Folamour Trump valide les inquiétudes et la mise a en garde d’Eisenhower en 1961 dénonçant le risque le poids du lobby militaro-industriel fait courir à la démocratie.

 

Il est essentiel également de dessiller les yeux sur le risque majeur que les armées ont fait et font courir à la démocratie et aux démocraties : « Plus j’y réfléchis et plus je pense que c’est par les armées que les démocraties périront, et que c’est là le grand danger des temps modernes, la chance du despotisme démocratique pour l’avenir »[4]. Ce que des analystes prestigieux, comme Raymond Aron, n’ont pas vu, pas compris, considérant que les cinq chapitres que Tocqueville consacre à cette question constituaient des généralisations sans véritable portée, alors même qu’une bonne partie des conflits du X siècle en ont découlé.

XXX

Que si, au contraire, sans le dire, car ces choses se sont quelquefois faites, mais ne se sont jamais avouées, nous agissions de manière à montrer qu'à nos yeux les anciens habitants de l'Algérie ne sont qu'un obstacle qu'il faut écarter ou fouler aux pieds ; si nous enveloppions leurs populations, non pour les élever dans nos bras vers le bien-être et la lumière, mais pour les y étreindre et les y étouffer, la question de vie ou de mort se poserait entre les deux races. L'Algérie deviendrait, tôt ou tard, croyez-le, un champ clos, une arène murée, où, les deux peuples devraient combattre sans merci, et où l'un des deux devrait mourir. Dieu écarte de nous, Messieurs, une telle destinée[5]! »

 

 

[1]Voir le sens de ce mot à l’entrée correspondante.

[2]Joseph Fiévée, né le 9 avril 1767 à Paris et mort le 9 mai 1839 à Paris, est un journalisteécrivainhaut fonctionnaire et agent secret français.

 

[3]- D.A., 1, p. 202.

[4]Ed. Vrin. II.p.224.

[5]Ibid., p.329.

 

[i]A.R., III, ch. 4.

08/12/2018

Éloge du peuple français, dernière page de L'Ancien Régime de Tocqueville

Et si on repensait à ce dont la France est/a été capable ! (re)lisez donc la dernière page de L'Ancien Régime et la Révolution de Tocqueville (l'ouvrage le plus lu en ligne, dont nos politiques n'ont pas lu une ligne:
Quand je considère cette nation en elle-même, je la trouve plus extraordinaire qu'aucun des événements de son histoire. En a-t-il jamais paru sur la terre une seule qui fût si remplie de contrastes et si extrêmes dans chacun de ses actes, plus conduite par des sensations, moins par des principes ; faisant ainsi toujours plus mal ou mieux qu'on ne s'y attendait, tantôt au-dessous du niveau commun de l'humanité, tantôt fort au-dessus ; un peuple tellement inaltérable dans ses principaux instincts qu'on le reconnaît encore dans des portraits qui ont été faits de lui y il a deux ou trois mille ans, et en même temps tellement mobile dans ses pensées journalières et dans ses goûts qu'il finit par se devenir un spectacle inattendu à lui-même, et demeure souvent aussi surpris que les étrangers à la vue de ce qu'il vient de faire ; le plus casanier et le plus routinier de tous quand on l'abandonne à lui-même, et lorsqu'une fois on l'a arraché malgré lui à son logis et à ses habitudes, prêt à pousser jusqu'au bout du monde et à tout oser ; indocile par tempérament, et s'accommodant mieux toutefois de l'empire arbitraire et même violent d'un prince que du gouvernement régulier et libre des principaux citoyens ; aujourd'hui L'ennemi déclaré de toute obéissance demain mettant a servir une sorte de passion que les nations les mieux douées pour la servitude ne peuvent atteindre ; conduit par un fil tant que personne ne résiste, ingouvernable dès que l'exemple de la résistance est donné quelque part ; trompant toujours ainsi ses maîtres, qui le craignent ou trop ou trop peu ; jamais si libre qu'il faille désespérer de l'asservir, ni si asservi qu'il ne puisse encore briser le joug; apte à tout, mais n'excellant que dans la guerre; adorateur du hasard, de la force, du succès, de l'éclat et du bruit, plus que de la vraie gloire; plus capable d'héroïsme que de vertu, de génie que de bon sens, propre à concevoir d'immenses desseins plutôt qu'à parachever de grandes entreprises ; la plus brillante et la plus dangereuse des nations de l'Europe, et la mieux faite pour y devenir tour à tour un objet d'admiration, de haine, de pitié, de terreur, mais jamais d'indifférence ?

Elle seule pouvait donner naissance à une révolution si soudaine, si radicale, si impétueuse dans son cours, et pourtant si pleine de retours, de faits contradictoires et d'exemples contraires. Sans les raisons que j'ai dites, les Français ne l'eussent jamais faite ; mais il faut reconnaître que toutes ces raisons ensemble n'auraient pas réussi pour expliquer une révolution pareille ailleurs qu'en France.

Me voici parvenu jusqu'au seuil de cette révolution mémorable ; cette fois je n'y entrerai point : bientôt peut-être pourrai-je le faire. Je ne la considérerai plus alors dans ses causes, je l'examinerai en elle-même, et j'oserai enfin juger la société qui en est sortie.

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